Il était une fois un Atelier

C’est une histoire à décors multiples, un voyage sur les flots d’une histoire qui n’en finit jamais ; un bouledogue qui retombe toujours sur ses pattes ; un couple qui ne cesse de créer et se serre les coudes ; une histoire de famille, qui commence avec celle d’un maroquinier.

Très jeune, Bertrand s’initie aux arts de la botterie sur mesures, et pousse la porte de l’Atelier Weston, Paris, à 20 ans. Un âge où l’on rêve de grands boulevards, foulés à bons pas, chaussé de pointes audacieuses. Il y fait ses premières armes, taquinant avec aise et habileté le busseto et le tranchet.

D’atelier en atelier, il rejoint John Lobb, réalisant des modèles uniques selon la volonté et les mesures d’une clientèle exigeante. Un apprentissage de la rigueur qui, au fil du temps, fait de l’homme un artisan hautement qualifié, désormais avide d’entreprendre.

Et il rencontre Anne, créatrice fraîchement sortie de l’école du Louvre. Elle devient sa muse et lui inspire ses plus belles idées. Ensemble, tout devient possible. Anne découvre le travail du cuir et apprend, suspendue aux lèvres de Bertrand, à coucher sur papier grainé les esquisses d’une première ligne d’accessoires de mode, qu’ils habillent de peaux, cuirs qui se font chair d’objets tendances.

Une collaboration amoureuse

Deux talents se rencontrent et, comme une évidence, à l’aube des années 90, la marque Anne Vignes voit le jour.

Un nom qui signe des ceintures ultra-travaillées, des bracelets insolites, des pochettes habillées… Des accessoires avec la même majuscule que celle de leur créatrice. Un style précurseur, qui mélange les matières avec audace et contraste.

,Dans les salons de référence, ils sont vite remarqués et choisis par les stylistes de Marie Claire, Elle ou Madame Figaro, tandis que les boutiques multi-marques de la capitale (Franck & Fils, Victoire, Le Bon Marché), en mal d’accessoires tendances, s’entichent de leurs créations.

Le couple Vignes se fait créateur de marques, au pluriel, en se présentant à de grandes maisons telles que Paul Ka et Regina Rubens, pour qui il réalise des collections entières d’accessoires.

Un couple d’artisans bohèmes

Puis, très vite, le souffle vital des artisans bohèmes prend le dessus, et une envie d’indépendance les pique ; un état d’esprit propre à ceux qui maîtrisent création et réalisation. à contre-courant, ils s’éloignent de la grande distribution, n’acceptant aucun compromis sur la qualité de leurs produits, qui ne courbent pas l’échine sous le joug du bas prix. Très simplement, Anne et Bertrand ouvrent « L’atelier du cuir, créateurs d’objets rares », à Nice ; une boutique atelier avec pour matière première le savoir-faire. Les passants s’arrêtent devant les ceintures en croco, un cuir exotique que le couple travail avec modernité et dont les écailles se font stars en vitrine.

D’un hémisphère à l’autre : Madagascar

Bertrand est alors sollicité pour prendre en main l’atelier de production d’une ferme de crocodiles à Madagascar. Une idée folle, qui, au début des années 2000, expédie le couple Vignes et leurs deux filles à Antananarivo.

Sur place, c’est un vrai challenge. Bertrand transmet son savoir à des ouvriers qui travaillent à tâtons. Il s’attaque à l’exportation avec la production des collections créées pas Anne, qui joue avec les thèmes et couleurs de l’océan indien. Sans limites, la créatrice invente une ligne tout en croco peint à la main, écaille par écaille, et dessine des boucleries en argent massif inspirées de scènes malagasy. Les ouvriers apprennent vite et les collections de la boutique du Hilton d’Antananarivo ont un grand succès.

Deux ans après leur arrivée, le vent tourne. l’île rouge, victime d’un climat politique instable, n’est plus aussi accueillante pour Anne et Bertrand, qui rentrent à Paris.

Paris

Une nouvelle aventure se distingue au large de leur traversée… avec pour leitmotiv « Notre force, c’est nous », ils emportent toujours avec eux leur savoir-faire, leur métier.

En 2003, c’est aux puces de Saint-Ouen, chez Colonial Concept, que les maroquiniers trouvent écho à leur univers. Une collaboration qui donne le jour à une série de créations uniques et offrent à leurs collectionneurs l’esprit Out of Africa : d es meubles gainés, commodes, tables basses et consoles, pensés par un maroquinier, marqués d’une empreinte exotique.

Quand Peter Beard rencontre Karen Blixen. De la sellerie nouvelle génération version ethnique et racée. Avec plus de caractère qu’un Hermès, et le même niveau d’exigence quant au savoir-faire…

Maroquinerie Nice

Puis, c’est sous le soleil de la Côte d’Azur, à Nice, que le couple pose ses valises, une dernière fois. Un Maroquinier à Nice.

« L’atelier V I G N E S » s’installe rue Antoine-Gautier, dans le quartier des Antiquaires, à deux pas de la mer qui a bercé leurs premiers pas. Un petit atelier où ils continuent de créer pour Colonial Concept, et sous-traite à présent pour la marque parisienne « Un jour un sac », fabriquant poignées de sac et cabas haut de gamme en cuir originaux.

En 2005, ils ouvrent leur premier concept-store. il porte fièrement leur nom : VIGNES voit le jour rue Emmanuel-Philibert. Une boutique atelier, mais aussi cabinet de curiosités. Entre les objets rares rapportés de Madagascar, sacs et collections d’accessoires en cuirs exotiques surprennent leur clientèle ; une clientèle qui se souvient et qui les retrouve avec enchantement.

Aux grandes idées, les grands moyens : le couple Vignes s’associe à un tiers et déménage quelques rues plus loins, plus près de la mer encore, dans le quartier du port. Un univers qui leur colle à la peau, et qu’ils sont seuls à avoir ; les clients y adhèrent tellement que VIGNES ouvre une boutique à Paris, en 2010, boulevard saint-Germain, puis à Saint-Tropez… La marque se développe, mais échappe petit à petit au contrôle de ses créateurs…

Une nouvelle mue sur le Cours Saleya

En 2014, ne laissant que leur nom rue Bavastro, Anne et Bertrand Vignes rappelle à l’honneur L’Atelier du croco et s’installe sur le cours Saleya.

Une nouveau concept qui propose un vrai service de sur-mesures, dans un petit atelier-cocon qui se fait l’adresse incontournable des belles peausseries. Les peaux viennent toujours du même fournisseur qu’Hermès, et sont selectionnées avec les mêmes exigences de qualité.

Bertrand se fait main d’œuvre de référence en création et fabrication de bracelets montres, Anne dessine de nouveaux modèles fidèles à la griffe familiale.

Leur fille Emma, 21 ans, rejoint l’atelier et y apporte son style, sobre et moderne. ses idées s’ajoutent aux modèles intemporels du couple. Elle créée le No bag, devenu modèle star de l’atelier : le sac de toile que l’on a tous récupéré, revisité et décliné en cuir – des cuirs exotiques au cuirs de taurillon, toujours avec de très belles finitions.

Finit la sophistication, les nouvelles créations des Vignes collent à l’air du temps, sont plus raisonnables mais restent contemporaines, et universelles…

Curieux de tout, le trio multiplie les créations hybrides et met au point une sacoche pour vélo, qui séduit les aventuriers urbains, et un protège couverture Moleskine, nouvel ami des écrivains. les premières ligne d’une nouvelle histoire pour la famille Vignes, qui reste fidèle à son univers.

La boutique expose aussi avec générosité quelques créateurs amis, avec comme produits stars les écharpes de Sophie Digard, faites main au crochet, brodées d’incroyables motifs.

On retrouve aussi l’univers Vignes « hors les murs » lors d’une collaboration avec Marc Le Bihan, pour qui ils réalisent une ligne d’étuis à lunettes en cuirs et peaux exotiques.

L’Atelier du croco a le vent en poupe et le soleil dans le dos. un concept unique où règne le fait main, des produits rares, de l’accessoire et de la couleur. Un univers bien ancré sur le cours saleya, qui témoigne d’un savoir faire acquis au long d’une expérience nomade. Un univers toujours in progress, curieux et affirmé, derrière la porte d’un atelier sous verre, au carrefour des croisières.

à quelques pas de la mer Méditerranée, le cours Saleya surpique la promenade des anglais. Il est devenu un hot spot sur la Côte d’Azur. On y vient du monde entier chiner sur la brocante, prendre un verre sur une terrasse ensoleillée, y faire son marché… et pousser la porte de l’Atelier du croco. Une porte tenue par Dowe, le bouledogue anglais de la famille, qui, elle aussi, réserve le meilleur des accueils aux passants, voyageurs, amis et voisins.

La Famille VIGNES